Une visite tant attendue: Grangewilliam, près de Maynooth (comté de Kildare)

J'ai commencé a enseigner a l'Université de Maynooth en septembre, et très vite ce petit cimetière est devenu une obsession. Je l'apercevais chaque fois que je me rendais au travail à vélo le long du Royal Canal. Si vous avez déjà pris le train entre Dublin et Maynooth vous l'avez certainement remarqué: il longe la voie.

Alors la semaine dernière nous avons fini par nous y rendre. Nous avons traversé le petit pont de pierre pour ensuite pédaler jusqu’à la première intersection a gauche, persuadé.es que depuis cette route un chemin nous mènerait ensuite jusqu'au cimetière. Mais surprise, il s'agissait d'une route privée, fermée par une grande grille. Il faut le mériter ce cimetière! Demi-tour, nous longeons le pré sur notre droite et nous apercevons que le chemin menant au cimetière est en fait là. Il faut le traverser, puis grimper les mini-marches en métal plantées dans le muret de droite pour pénétrer dans l'enceinte.

Une fois qu'on y a mérité l’accès, Grangewilliam est tout ce qu'on peut attendre d'un cimetière irlandais typique : le lierre y recouvre les tombes (au passage, évitez les sandales le jour de votre visite)...

...et on y retrouve l'essentielle chapelle en ruine...

...et les indispensables croix celtiques.

Et on peut s'y balader en toute tranquillité!

Si j'en crois Wikipédia, Grangewilliam a d'abord été un petit monastère, et les murs seraient ceux de la chapelle datant du XIVeme siècle. La plus ancienne pierre tombale (lisible) que nous ayons trouvée a été érigée par le Duc de Leinster (la province du Sud-Est de l'Irlande où se situe le comté de Kildare) pour son jardinier, Patrick Allen, mort en aout 1778.

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En chaussant mes lunettes d'historienne / historienne de l'art / observatrice des mœurs irlandaises, j'ai été particulièrement fascinée par trois tombes. Je n'ai remarqué la première qu'au moment de repartir: une croix assez petite et toute simple, pas le genre qui attire l’œil. Mais en son centre, un bas-relief en partie effacé représente le visage du Christ.

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Malgré l'aspect peu entretenu qui lui donne tant de charme, Grangewilliam n'est pas tout a fait abandonné et contient aussi des pierres tombales plus récentes, dont celle-ci, érigée au début des années 2000 en souvenir de toute une famille, des arrière-grands-parents a la mère:

Il est impossible que la famille de Meta Horgan ait rencontré tous ces ancêtres (dont les dates de décès ne sont même pas toujours connues), mais ce fait n’empêche pas le "souvenir ému" et la réunion de la famille entière par-delà la mort, et même par-delà l'éloignement géographique des tombes (le cimetière de Sutton, a l'autre bout de Dublin, est désormais sur ma liste). Un peu comme si cette plaque permettait d'informer la famille d’où Meta est enterrée. Un acte qui souligne l'importance de la lignée et de la continuité dans la mort, commune a de nombreuse culture, mais aussi la force particulière du lieu dans la culture irlandaise.

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Un autre élément de la culture irlandaise de la mort qui m’impressionne beaucoup en tant que française, c'est l'expression matérielle du souvenir et de la relation à la personne décédée. Énormément de tombes sont couvertes non seulement des habituelles fleurs et plaques "A ma maman" ou "A mon papi", mais aussi d'objets laissés là pour la personne décédée, par exemple des jouets sur les tombes d'enfants. Cette culture matérielle de la mort est présente (quoique discrète) à Grangewilliam, dans un recoin du mur de la chapelle:

Ces objets sont presque cachés par le lierre, sans pierre tombale, sans plaque, sans nom, il n'est même pas certain que la personne soit enterrée là. Mais il y a ce petit autel du souvenir composé d'une lanterne, d'une croix de Sainte Brigitte, et d'une photo, sans doute celle de la personne a qui l'autel est dédié.

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Tranquille et loin des sentiers battus, le petit cimetière de Grangewilliam vaut le détour et contient certainement d'autres trésors cachés.