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Sur la route de Kells : le cimetière de Galtrim, Comté de Meath.

  • Photo du rédacteur: Chloé Lacoste
    Chloé Lacoste
  • 12 janv. 2021
  • 3 min de lecture

Après ce début glacial de 2021, laissez moi vous transporter au mois d’août, et plus précisément partager avec vous mon weekend de Lúnasa. Ce mot signifie tout simplement août. Il est dérivé du nom du dieu Lugh, l'un des plus important de la mythologie irlandaise, et c'est aussi le nom du grand festival celtique de célébration de l'été et du début des moissons. Ce festival se tenait traditionnellement le 1er août. Il a donc donné son nom au mois, et il en est resté que le premier lundi du mois d’août est férié en Irlande, ce qui nous vaut un appréciable week-end de trois jours. Nous en avons profité pour aller à vélo jusqu’à Kells, une ville à une soixantaine de kilomètres de chez nous, connue pour avoir abrité l'un des plus anciens monastères de l’île. Elle a aussi donné son nom au célèbre Livre de Kells, un des joyaux de la culture irlandaise médiévale. Au passage, il existe un superbe film d'animation irlando-franco-belge inspiré de ce manuscrit légendaire. Bref, nous voila donc à vélo sur la route de Kells, pour ce qui fut sans doute notre week-end le plus intense en termes de visites de cimetières, à commencer par celui de Galtrim.

Construite au XIXème siècle, cette petit église nous attendait au détour d'une route peu fréquentée au Sud-Est de la ville de Trim, encerclée comme c'est désormais habituel d'un vieux cimetière et des ifs irlandais qui vont avec. Et nous avons même bénéficié de l'accueil d'une vache qui paissait dans le pré voisin. Quoique tellement typique a première vue, ce petit cimetière cache des pierres bien inhabituelles.


 

La pierre érigée par les frères Bruton à la mémoire de leur père, William, comporte une représentation originale du traditionnel pictogramme IHS. Si le I et le S sont de simples majuscules, le H central est davantage ornementé, avec une boucle qui se termine par un shamrock (le trèfle irlandais à trois feuilles). Accroché à un pied du H, un C se balance, lui même orné d'un shamrock. On sait que le pictogramme IHS signifie Jésus, je suppose donc que l'ajout du C fait référence à la crucifixion. On les discerne mal en raison du lichen qui recouvre la pierre, mais d'autres shamrocks sont gravés au-dessus du texte, de chaque côté de la banderole "erected". Ce mélange de références chrétiennes et de symboles de l'identité irlandaise est typique des tombes du XIXème siècle, mais je n'ai jamais vu d'autre exemple de shamrocks inclus directement dans le pictogramme IHS.

 

Cette pierre tombale-ci était si pleine de lichen que je n'ai rien réussi à déchiffrer, mais là-encore c'est un exemple comme je n'en ai jamais vu d'autre. Le médaillon est un élément de la plus haute importance, habituellement utilisé pour mettre en avant des symboles chrétiens (le pictogramme IHS, un Agnus Dei, une crucifixion...). Mais ici il s'agit d'un cygne représenté en plein vol, pas un symbole religieux à ma connaissance. Mais peut être une référence à la légende des enfants du roi Lir , condamnés à vivre et mourir sous cette forme par un sort jeté par leur belle-mère. Cependant, cette légende est habituellement dépeinte avec plusieurs cygnes, pas un seul.

 

La tombe la plus surprenante de Galtrim (et sans doute la plus originale qu'il m'ait été donné de voir) appartient à la famille Tyrell, dont les membres enterré.es là sont toustes mort.es au cours du XVIIIème siècle. La face principale de la pierre tombale est tout à fait habituelle, avec une liste de noms et de dates de décès, surmontée du pictogramme IHS dans un soleil éclatant. Mais la seconde face, habituellement vierge, est ornée d'un étrange visage. Cela pourrait représenter un enfant en bas âge, mais la liste ne comporte aucun enfant. Ou bien un ange, mais il n'y a pas d'ailes. La simplicité du visage rappelle les (très rares) représentations de visages humains dans l'art celtique, et la collerette me pousse à y voir un personnage à la Pierrot, mais c'est assez étrange sur une tombe. Cela a également dû représenter un sacré ouvrage pour le sculpteur de découper un tel relief.


 

Cette visite inattendue du cimetière de Galtrim fut donc l'occasion de profiter à la fois de cette atmosphère si typique des cimetières irlandais et d'un peu d'originalité, de mystère même. Si l'église actuelle date du XIXème siècle, le cimetière est clairement plus ancien, comme l'atteste notamment ce caveau (récemment restauré, pas de la façon la plus subtile). James Munford et sa femme Margery King y sont enterrés. La date de décès de Margery n'est pas indiquée, mais James est mort en 1733 et le monument fut érigé par leur fils ; il est donc fort peu probable qu'il l'ait été après la fin du XVIIIème siècle.


 
 
 

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